Cancer, arthrose, autisme….Le brocoli présente de nombreux atouts santé notamment grâce à une molécule, le sulforaphane.
Le brocoli est un légume crucifère qui contient de nombreux composés intéressants pour notre santé: vitamine C, antioxydants, glucosinolates.
Lorsque l’on croque les brocolis, les glucosinolates sont transformés par l'enzyme myrosinase en isothiocyanates – dont le sulforaphane.
Les isothiocyanates sont surtout connus pour leurs effets anti-toxiques et antioxydants: ils inhibent des enzymes qui peuvent transformer des composés de l’alimentation en substances toxiques et cancérogènes et dans le même temps, stimulent des enzymes chargés de neutraliser et éliminer ces substances (avec à la clé un effet antioxydant). Grâce à sa composition et notamment sa teneur en sulforaphane, le brocoli présente de nombreux atouts.
Un atout contre le cancer (prostate, côlon, sein et foie)
Les études épidémiologiques montrent que la consommation régulière de légumes crucifères, comme le brocoli (3 à 5 fois par semaine) est associée à une réduction du risque d’un certain nombre de cancers notamment du sein, de la prostate et du côlon. En fait, les propriétés anticancer des légumes semblent en large partie dues à la famille des crucifères.
Le régime occidental riche en sucres est associée à une accumulation accrue de graisses corporelles qui elle-même augmente le risque de stéatose hépatique non alcoolique. Sans traitement la stéatose hépatique non alcoolique peut évoluer vers un cancer du foie.
Des études antérieures ont montré que le brocoli permettait de diminuer l’accumulation de triglycérides dans le foie de souris soumises à une alimentation riche en graisses et en sucres, suggérant que ce légume pourrait protéger de la stéatose hépatique non alcoolique.
Des souris qui suivent un régime occidental riche en graisses et en sucres présentent des nodules cancéreux dans le foie plus nombreux et de taille plus importante que les souris du groupe de contrôle. Mais lorsque des brocolis sont ajoutés au régime alimentaire le nombre de nodules diminue. De plus, les brocolis permettent de diminuer l’absorption des graisses au niveau du foie.
Un espoir dans l’autisme
Une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences montre que chez des jeunes présentant un trouble du spectre de l’autisme, le sulforaphane permet d’améliorer certains troubles du comportement liés à la maladie, comme l’interaction sociale et la communication verbale.
Dans cette étude, les chercheurs ont administré quotidiennement pendant 18 semaines et par voie orale du sulforaphane, issu de brocolis, à 29 jeunes hommes (13 à 27 ans) atteints de troubles du spectre de l’autisme. Le groupe de contrôle (15 participants) a reçu un placebo.
Au bout de 4 semaines de traitement par le sulforaphane, des améliorations apparaissent déjà et continuent d’augmenter jusqu’à la fin de l’intervention. Après 18 semaines de traitement, les tests passés par les participants montrent une amélioration comportementale notamment sur des paramètres tels que la léthargie, l’irritabilité, l’hyperactivité, la communication et la motivation. Les chercheurs ont noté qu’après l’arrêt du traitement avec le sulforaphane, les scores obtenus aux tests ont tendance à revenir à leur niveau initial (avant l’intervention).
Dans le groupe qui a pris du sulforaphane, après 18 semaines de traitement, les chercheurs ont remarqué une nette amélioration au niveau de l’interaction sociale pour 46% d’entre eux, au niveau des comportements aberrants pour 54% d'entre eux et au niveau de la communication verbale pour 42% d'entre eux.
Pour se détoxifier
Les polluants que nous inhalons ou que nous ingérons ont des effets néfastes sur notre santé, avec un risque accru de cancer du poumon et de maladies cardiopulmonaires. Or la consommation quotidienne de boisson à base de brocoli permet d’augmenter les taux d’excrétion dans l’urine de deux produits chimiques nocifs: l’acroléine et le benzène, deux polluants omniprésents dans notre environnement.
Dans cet essai clinique randomisé, les chercheurs ont étudié l’effet du brocoli sur les taux d’excrétion dans l’urine du benzène et de l’acroléine. Pour cela, 291 adultes chinois, vivant dans une région très polluée, ont reçu soit une boisson à base de brocoli et enrichie en glucoraphanine et sulforaphane soit un placebo tous les jours pendant 12 semaines. Leur urine a été analysée chaque semaine.
Les résultats montrent que chez les participants qui consomment la boisson au brocoli, le taux d’excrétion du benzène augmente de près de 61%, celui de l’acroléine de 23% par rapport au début de l’étude, avant l’intervention. L’effet est le même tout au long de l’étude.
Il faut cependant noter que les doses de glucoraphanine et de sulforaphane utilisées dans cette étude sont supérieures à celles qu’un consommateur de brocolis pourrait ingérer. Les auteurs soulignent donc la nécessité de réaliser des études pour évaluer l’efficacité de ces composés à des doses plus faibles.
Contre l’arthrose
L’arthrose est une maladie rhumatismale causée par la dégradation du cartilage des articulations; de plus en plus fréquente avec l’âge, elle conduit à des douleurs chroniques invalidantes. L’arthrose concerne des millions de français. Des chercheurs britanniques ont montré que le sulforaphane qui possède des propriétés antiinflammatoires et anti-oxydantes pourrait aider à lutter contre l’arthrose.
Pour savoir si la molécule était efficace contre les problèmes articulaires, les chercheurs ont nourri des souris avec un régime riche en sulforaphane. Ils ont alors observé que ces souris avaient moins de dommages aux cartilages et étaient moins susceptibles de développer de l’arthrose que des souris témoins. Du point de vue moléculaire, le sulforaphane inhibe l’expression d’enzymes de dégradation du cartilage; il intervient dans des voies de signalisation impliquées dans plusieurs maladies chroniques.
Comme le sulforaphane empêche la dégradation du cartilage, il pourrait prévenir ou ralentir la progression de l’arthrose.
Pour vivre plus longtemps
D’après une étude publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition, les adeptes des légumes crucifères comme le brocoli mais aussi le chou, chou de bruxelles, chou fleur…vivraient plus longtemps et auraient moins de risques de décéder d’une maladie cardiovasculaire que les personnes qui en consomment peu.
Les chercheurs de l’Université Vanderbilt (Etats-Unis) et de l’Institut du cancer de Shanghai (Chine) ont analysé les données de 61,436 hommes suivis durant 4,6 ans ainsi que celles de 73,360 femmes suivies durant 10,2 ans. Les participants ont rempli un questionnaire alimentaire évaluant leur consommation de fruits et légumes.
Chez les personnes qui consomment le plus de légumes crucifères, le risque de décès prématuré (quelle qu’en soit la cause) est réduit de 22% et le risque de décès liés à une maladie cardiovasculaire est réduit de 31%. Il s'agit cependant d'une étude d'observation ne permettant pas de conclure à une relation de cause à effet.
Pour améliorer le transit
La consommation régulière de brocolis serait un bon moyen de réguler le transit intestinal chez les personnes constipées. Le sulforaphane qu’ils contiennent lutte contre les dégâts du stress oxydant dans l’intestin d'après des résultats publiés dans la revue Journal of Clinical Biochemistry and Nutrition.
La constipation chronique (qui impacte souvent la qualité de vie) est liée en partie à une alimentation déséquilibrée et à un stress oxydant chronique. Les auteurs ont donc supposé que les antioxydants présents dans les brocolis peuvent aider à améliorer la condition des personnes constipées.
Dans cette étude, 48 sujets souffrant de constipation ont consommé quotidiennement pendant 4 semaines soit 20 g de brocolis, soit 20 g de luzerne (qui ne contient pas de sulforaphane).
Les résultats montrent que seule la consommation de brocoli permet d’améliorer le transit chez les personnes qui souffrent de constipation. Le sulforaphane présent dans les brocolis augmenterait l’activité anti-oxydante des cellules des intestins préservant ainsi une fonction intestinale normale. Le sulforaphane serait également capable de réguler le microbiote intestinal et ainsi améliorer le transit.
Il est conseillé de manger deux à trois fois par semaine du brocoli ou des aliments de la même famille (crucifères): choux, radis, navets, cresson... Mieux vaut consommer les crucifères crus (choux, navets) ou peu cuits (al dente) car les températures élevées détruisent les glucosinolates et inhibent l'activité de la myrosinase.
Sources
Y.-J. Chen, M. A. Wallig, E. H. Jeffery. Dietary Broccoli Lessens Development of Fatty Liver and Liver Cancer in Mice Given Diethylnitrosamine and Fed a Western or Control Diet. Journal of Nutrition, 2016; 146 (3): 542 DOI: 10.3945/jn.115.228148
Singh K, Connors SL, Macklin EA, Smith KD, Fahey JW, Talalay P, Zimmerman AW. Sulforaphane treatment of autism spectrum disorder (ASD). Proc Natl Acad Sci U S A. 2014 Oct 13. pii: 201416940. [Epub ahead of print]
Egner PA, Chen JG, Zarth AT, Ng D, Wang J, Kensler KH, Jacobson LP, Munoz A, Johnson JL, Groopman JD, Fahey JW, Talalay P, Zhu J, Chen TY, Qian GS, Carmella SG, Hecht SS, Kensler TW. Rapid and Sustainable Detoxication of Airborne Pollutants by Broccoli Sprout Beverage: Results of a Randomized Clinical Trial in China. Cancer Prev Res (Phila). 2014 Jun 9. pii: canprevres.0103.2014.
Davidson RK, Jupp O, de Ferrars R, Kay CD, Culley KL, Norton R, Driscoll C, Vincent TL, Donell ST, Bao Y, Clark IM. Sulforaphane represses matrix-degrading proteases and protects cartilage from destruction in vitro and in vivo. Arthritis Rheum. 2013 Aug 27. doi: 10.1002/art.38133.
Xianglan Zhang, Xiao-Ou Shu, Yong-Bing Xiang, Gong Yang, Honglan Li, Jing Gao, Hui Cai, Yu-Tang Gao, Wei Zheng; Cruciferous vegetable consumption is associated with a reduced risk of total and cardiovascular disease mortality. Am J Clin Nutr July 2011.
PLUS ENCORE
Le brocoli cru aurait un meilleur potentiel anti-cancer que le brocoli cuit selon une nouvelle étude.
Vous mangez du brocoli pour faire le plein de sulforaphane et limiter votre risque de cancer? C’est bien. Mais mangez-le cru, c’est mieux. Des chercheurs viennent en effet de montrer que le brocoli cru contient beaucoup plus de sulforaphane, le composé qui confère son potentiel anti-cancer au brocoli, que son homologue cuit.
Pour parvenir à ces résultats les chercheurs ont recruté 8 volontaires qui ont reçu soit 200 grammes de brocoli cru soit la même quantité de ce légume cuit. Les chercheurs ont ensuite mesuré la quantité de sulforaphane contenu dans le sang et l’urine des volontaires.
Résultat: le taux de sulforaphane était plus élevé chez les volontaires qui avaient consommé le légume cru. " La consommation de brocoli cru résulte en une absorption plus rapide, une meilleure biodisponibilité et des plus hauts niveaux de sulforaphane dans le plasma par rapport au brocoli cuit", précisent les auteurs.
Bon d’accord, mangez du brocoli cru ça donne moins envie, mais les auteurs précisent que ces résultats devraient avant tout intéresser les industriels qui développent des compléments alimentaires riches en sulforapahne à base de brocoli. Ouf…
Vermeulen, I.W.A.A. Klopping-Ketelaars, R. van den Berg, W.H.J. Vaes “Bioavailability and Kinetics of Sulforaphane in Humans after Consumption of Cooked versus Raw Broccoli” Journal of Agricultural and Food Chemistry